Prêts pour l’avenir

Eyrieux-Boutières

01 janvier 2021

La région Centre-Alpes-Rhône a connu la création d’une nouvelle Église locale en 2020. L’Église d’Eyrieux-Boutières est née d’une fusion d’Églises préexistantes. Il n’en demeure pas moins que cette démarche anticipe l’avenir.

« On reçoit cette nouvelle Église avec beaucoup d’optimisme », déclare d’emblée Éliane Loubersac, la présidente du conseil presbytéral de l’Église d’Eyrieux-Boutières, créée en janvier 2020. Cet optimisme n’empêche pas un certain pragmatisme. « Nous prendrons les problèmes et les défis au fur et à mesure, poursuit-elle, l’essentiel est que nous sommes une bonne équipe, que nous avons plaisir à nous retrouver et à travailler ensemble. »

La rivière Eyrieux au Pont de Chervil (© DR)

 

Faire face à un déclin toujours en cours

« Avant que je sois nommé ici, certains parlaient de ces Églises locales comme d’Églises où il faudrait que les pasteurs viennent prodiguer des soins palliatifs… Ce n’est pas le cas, très loin de là ! C’est une zone où le protestantisme est encore très fortement ancré ; le tissu paroissial est encore dense avec une bonne participation aux différentes activités et aux rendez-vous de notre Église », résume Pierre Grossein, l’un des deux pasteurs encore en poste en 2020 et qui vient de prendre sa retraite, début janvier. « Cette forte implantation protestante traditionnelle ne doit cependant pas cacher les difficultés des dernières décennies et celles qui sont encore devant nous. La baisse de la fréquentation des Églises est une réalité ici comme elle l’est dans l’ensemble de notre société. Par ailleurs, le déclin démographique lié au déclin économique est profond et n’est malheureusement pas terminé. Nombre d’entreprises ont fermé leurs portes, en particulier des usines liées à la force hydraulique de la rivière, et les nouvelles entreprises n’ont pas encore créé autant d’emplois. », poursuit-il.

 

« Il fallait ne plus subir la situation, mais agir pour aller de l’avant, souligne Petr Skubal, collègue de Pierre Grossein, exerçant sur le deuxième poste de l’Église d’Eyrieux-Boutières. Il fallait acter l’évolution économique et démographique de ce territoire et de l’Église protestante, être réaliste sur les perspectives pour se projeter dans l’avenir et bâtir un projet viable pour les prochaines années. »

Le conseil presbytéral élu en décembre 2019 (© Christian Prost)

Oser prendre le temps d’un long processus

À partir de 2011, un synode régional a ouvert la possibilité de mettre en œuvre des Ensembles regroupant plusieurs Églises locales qui partagent des projets et des moyens. Les cinq Églises locales de la vallée de l’Eyrieux se lancent dans cette aventure. Depuis, le tableau des célébrations du culte est commun, tout comme un certain nombre d’activités, telles la catéchèse et les visites, ainsi que quelques événements annuels . « Ce processus de création de l’Ensemble, puis de vie commune, nous a beaucoup apporté dans notre découverte mutuelle. Avant cela, il faut bien reconnaître que nous étions un peu chacun dans notre coin… », ose Éliane Loubersac.

 

À la même période, ces Églises ont fait face à une situation inédite : il n’y avait plus aucun pasteur en poste sur les cinq Églises locales de l’Ensemble ! Certes, il y avait plusieurs années que tous les postes pastoraux n’étaient plus pourvus (leur nombre avait déjà été ramené à trois pour les cinq Églises), mais pas un seul ? C’était du jamais vu ! « Face à cette situation, les Églises de l’Ensemble se sont bien rendu compte qu’il était vain de s’accrocher au passé et à des espoirs peu réalistes, reconnaît Petr Skubal. Plutôt que de continuer à vouloir absolument maintenir trois postes pastoraux pour ces cinq Églises et de susciter, de manière insidieuse, une concurrence entre celles-ci, il valait mieux franchir un pas supplémentaire et renforcer la coopération entre elles. » Un premier projet, évoquant deux regroupements partiels des Églises locales, fut abandonné au profit d’un autre plus ambitieux, qui osait faire un pas supplémentaire : acter que les trois postes pastoraux ne seraient plus pourvus, aller jusqu’au regroupement complet des cinq Églises, définir un projet de vie commune nouveau qui ne dépouille pas le fonctionnement local mais favorise les collaborations.

 

Écouter les doutes et affronter les peurs

Les deux pasteurs nommés sur les postes au sein de cet Ensemble ont eu à cœur de vivre leur ministère au profit de l’Ensemble tout entier, et pas seulement de l’une ou l’autre des Églises locales. Pierre Grossein, arrivé en 2013, et Petr Skubal, nommé en 2014, ont donc veillé à être impliqués dans les cinq secteurs et présents tous deux à chacun des événements communs de l’Ensemble.

 

Cette présence a permis à chacun des membres de l’Église de pouvoir exprimer ses doutes et ses peurs face à ce projet de regroupement. Les cinq conseils presbytéraux ont donc également pris le temps pour que tout cela puisse s’exprimer, être entendu et pris en compte dans le projet commun. Les assemblées générales extraordinaires de 2018 ont pris le temps de lire ensemble le projet, de recevoir des amendements, de remanier les textes… Ce n’est qu’au printemps 2019 que ces cinq assemblées ont voté la dissolution des associations cultuelles avec une mise en œuvre différée au 1er janvier 2020. L’épidémie de Covid et le confinement n’ont malheureusement pas permis que tous les rouages de cette nouvelle Église se mettent en place… mais il reste du temps pour vivre l’avenir !

En savoir plus

Carte d’identité

Le nom des Boutières désigne le plus souvent les deux versants de la rivière Eyrieux et de ses affluents principaux, la Dorne, la Dunière et la Glueyre. Le territoire de l’Église Eyrieux-Boutières suit principalement cette rivière, du Cheylard à l’Ouest aux Ollières à l’Est.

 

750 foyers connus ;

100 personnes rassemblées pour les cultes particuliers ;

50 personnes lors des dimanches ordinaires ;

30 réunions de maison par an ;

20 enfants et jeunes en catéchèse et groupe de jeunes ;

15 membres du conseil presbytéral ;

12 lieux de culte ;

5 secteurs ;

2 postes pastoraux.

 

2012 : création d’un Ensemble Eyrieux-Boutières rassemblant les cinq Églises : Le Cheylard-Le Talaron, La Serre de la Palle, Saint-Sauveur-de-Montagut, La Pervenche, Moyen-Eyrieux ;

2012-2013 : année de vacance pastorale sur tout l’Ensemble ;

2018 : premières assemblées extraordinaires pour discuter du projet de regroupement ;

mars 2019 : assemblées générales extraordinaires votant la dissolution des cinq associations cultuelles locales ;

décembre 2019 : assemblée générale élective pour désigner le premier conseil presbytéral unique ;

1er janvier 2020 : création de l’Église Eyrieux-Boutières.

Gérald Machabert
journal Réveil

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