Dossier Les femmes théologiennes

Exemple d’une lecture décalée : Marthe et Marie

05 mars 2019
Agnès von Kirchbach© Anne-Marie Boulongne

Connaissez-vous des hommes qui ont exhorté leur public à travers cette histoire évangélique ? Probablement oui. Mais connaissez-vous des hommes qui se sont identifiés eux-mêmes à la thématique développée à travers ce récit ? Moi, en tout cas, je n’en connais pas. Or, pour toutes les entreprises industrielles, sociales, diaconales ou ecclésiales, les questions soulevées par ce texte peuvent devenir une clé de lecture intéressante. Loin d’être une question de bonnes femmes et d’un idéal féminin, plutôt imposé que choisi, pour articuler les tâches du quotidien à une spiritualité personnelle, il s’agit d’un récit qui interroge aussi l’articulation faite entre prière et entrepreneuriat.

Dialogue

Marthe veut de l’aide. Cela paraît tout à fait légitime. Mais pourquoi ne s’adresse-t-elle pas elle-même à sa sœur ? Pourquoi ne cherche-t-elle pas un dialogue ou éventuellement une négociation pour que son projet à elle et celui de sa sœur aboutissent tous les deux ? Combien de fois nous arrive-t-il de présenter nos projets à Dieu pour lui demander d’envoyer des personnes afin de mettre en œuvre ce dont nous nous sommes autodéclarés responsables et surtout maîtres ? La prière, selon ce récit, n’est pas un moyen pour contourner les exigences du management et ses difficultés. Une entreprise, même si elle s’appelle Église, ne se laisse pas gérer sans dialogue direct, sans permettre à chacune et chacun d’accéder librement à une collaboration qui respecte des priorités personnelles différentes.

Agnès von Kirchbach
pasteure de l’EPUdF

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