Lieux de paix (6)  

Éloge du shabbat et de la respiration !

01 juin 2018

Ce lieu de paix, on peut le trouver partout autour de soi et dans le monde entier. On peut le trouver au travail et en vacances. Et plus dans la foule que seul chez soi. C'est le lieu de la rencontre avec l'autre, tout simplement !

(© shutterstock)

 

Il y a des moments où le travail semble perdre son sens et où la fatigue en dispute à la colère…

Lors du colloque « Mon travail et moi »*, le diagnostique était sérieux : surcharge, horaires impossibles, harcèlement, perte d’emploi, mise au placard, départ en retraite précipité, périodes de chômage trop longues… Bien des situations de la vie au travail conduisent à la souffrance, parfois même au suicide. Paradoxalement, toutes les enquêtes le montrent, nous restons attachés à notre travail.

Car plus qu’un salaire, le travail donne du sens à notre vie - une vocation, diraient les réformateurs !

Lorsque je me noie dans mon travail et que je commence à perdre pied, je me rappelle que la brasse coulée ne peut fonctionner qu’un temps et qu’il faut parfois sortir la tête de l’eau pour respirer…

Certes, je ne peux  pas m’arrêter de nager, sinon je coule à nouveau ! Mais je dois apprendre à respirer, car cela fait aussi parti du job.

Pour ce qui me concerne, j’aime prendre du temps avec d’autres, pour parler de mon travail, croiser les points de vue, changer de regard. Lorsqu’on me propose un temps de formation, une rencontre ou un partage d’expérience, j’ai parfois un premier réflexe : « À quoi bon ? Encore du travail en plus ! » Pourtant, à chaque fois, j’en reviens heureux et ressourcé des rencontres faites et des liens qui se sont tissés. J’en reviens surtout avec des idées qui me donnent envie de reprendre le travail ! Ainsi ce n’est pas un éternel ressassement, mais un cheminement ponctué de temps de pause, de rencontres et d’échanges.

Le shabbat, fait pour l’homme, nous rappelle que nous devons prendre du temps avec Dieu. Faire shabbat, ce n’est pas simplement arrêter de travailler. C’est se rendre disponible à l’inattendu et à la parole de l’autre. C’est faire une coupure dans le déroulement du quotidien. C’est cette respiration régulière qui permet de se retrouver soi-même et avec les autres.

Si le lit reste pour moi un des endroits les plus reposants, je me ressource surtout au contact des autres. Si je suis devenu pasteur, je crois que c’est pour ces liens qui se tissent avec une foule diverse de jeunes, vieux, riches, pauvres… Ce « métier » n’est pas un long fleuve tranquille, il peut même parfois se révéler étouffant. Je dois alors savoir respirer en me rappelant avec le Psaume 127 que « Dieu en donne autant à ses bien-aimés lorsqu’ils dorment ! ».

 

 

 

 

En savoir plus

* Colloque organisé par les Églises protestantes en février 2017. Textes et contributions à retrouver sur http://montravailetmoi.org/

Pierre-Olivier DOLINO,
pasteur, directeur de la Fraternité La Belle de Mai à Marseille

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