Accompagnement

Dire l’Évangile au cœur de la perte

31 octobre 2018

Quel rôle peut jouer la célébration des obsèques dans le chemin du deuil ? Comment l’annonce de l’Évangile dans ce moment vient-elle nous poser à nouveau la question essentielle de notre identité ?

Je vois la vie comme un don unique, je la trouve particulière, plus ou moins courte, avec de nombreux événements qui viennent la rendre si personnelle. Je pense qu'une vie est semblable à une poterie qui est modelée, pétrie, mais qui peut être fêlée, voire brisée aussi. Par les témoignages que j'ai pu entendre, la mort de son partenaire aimé est un événement tragique qui peut être cette brisure dans la vie d'une personne ! Toute une vie passée à deux, ou toute une vie projetée et qui ne se vivra pas. Lorsque la mort vient frapper un couple, comment l'autre peut-il s'imaginer continuer à vivre avec ce manque ?

 

Réparer les fêlures avec de l’or

La cérémonie des obsèques est une des pierres d'angle pour pourvoir vivre la suite, pour pouvoir continuer à vivre sa vie telle qu'elle est, comme elle est ! Je pense que commencer le deuil peut dégager une force de vie, impulsée par le Christ. Elle pose la question de Dieu dans la Genèse : « où es-tu ? » pour ensuite éclairer nos ténèbres par de la lumière. Et si nous changions notre regard sur nos fêlures ? Et si nous nous laissions rencontrer par une bénédiction ? Et si la cérémonie des obsèques était comme cet art japonais le kintsug qui répare les poteries avec de l'or ?

 

Pour moi, la cérémonie des obsèques ne doit pas juste être triste, la tristesse a sa place mais ne doit pas prendre toute la place ! La cérémonie, dans son essentiel, est là pour annoncer l'Évangile, une nouvelle qui relève des effets dévastateurs de la mort. La vie en Christ a vaincu la mort qui est constitutive de notre identité.

L’Évangile, une nouvelle qui relève des effets dévastateurs de la mort

(© Olivétan / FPA)

 

Un vide qui ne peut pas être comblé

Dans l'accueil, la personne est accueillie telle qu'elle est, dans son entièreté, avec ses fêlures aussi. Symboliquement, la cérémonie permet de commencer son deuil, de dire au revoir au corps charnel de la personne aimée pour être disponible à la parole du Christ et continuer à vivre sa vie marquée par cette perte.

Nous n'avons qu'une vie, elle est précieuse, pleine de rebondissements, de changements. La vie c'est cheminer, pas après pas, avec ce manque laissé mais qui a sa place. Bien souvent, pour essayer de souffrir le moins possible, l’absence de la personne est palliée par autre chose. La place vide est comblée différemment… Comme si ce vide pouvait anéantir une personne. Et si dans cette place vacante nous regardions le vide différemment. Et si nous laissions sortir le vide de la croix ? Et si la mort n'est pas là où nous croyons qu'elle est ? La mort n'a pas de sens mais la vie a du sens !

 

Que les personnes qui ont perdu leur amour puissent être animées de cet amour vécu qui continue à façonner, à modeler et qu'elles puissent vivre dans ce manque une force de vie, d'amour laissée par le Christ, qui ne se comprend pas mais qui se vit, tout simplement.

Caroline COUSINIÉ,
pasteur de l’Ensemble entre Gardon et Vidourle

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