Déjà, Dieu bénissait
Le mois dernier, nous évoquions le très ancien récit du déluge dont seule la Bible nous a transmis la teneur, elle qui, à travers plus de deux millénaires, n’a cessé d’être racontée, interprétée au point de servir de support à la construction d’une conscience du monde.
Le plus ancien manuscrit
Nous nous tournons aujourd’hui vers le plus ancien manuscrit qui nous soit parvenu comportant un texte appartenant à la Bible.
Qui dit ancien manuscrit de la Bible pense tout naturellement aux célèbres Manuscrits de la mer Morte remontant au IIe, voire au IIIe siècle avant notre ère. Leur découverte fut – à côté de celle des tombeaux de Toutankhamon ou de l’empereur chinois Qin – une des plus grandes découvertes archéologiques du XXe siècle. Or, les fragments de texte auxquels je me réfère maintenant sont plus anciens de plusieurs siècles que les manuscrits trouvés à Qoumran !
Deux petites plaques d’argent
En 1979, furent trouvées au pied de l’ancienne ville de Jérusalem, parmi les restes d’anciens tombeaux datant d’avant l’exil à Babylone (- 596), deux petites plaques d’argent soigneusement roulées sur elles-mêmes. Elles auraient pu servir d’amulettes pour accompagner des défunts dans leurs derniers voyages.
Connues sous le nom de Ketef Hinnom 1 et 2, d’après le nom du lieu-dit où elles furent trouvées, ces deux fines plaquettes comportent les textes suivants (les mots entre crochets ont été reconstitués en fonction du contexte) :
– la première porte : « YHWH… le grand [Dieu qui garde] l’alliance et la [g]râce pour ceux qui aiment et gardent [ses commandements]. YHWH […] bénédiction plus que tout [piège] et tout mal. Car la rédemption est en lui. Car YHWH est notre protecteur [et notre] rocher. Que YHWH te [bénisse] et [qu’] il te garde. [Que] YHWH fasse briller [son visage]… »
– la seconde porte : « Que soit béni [un nom propre jusqu’ici non identifié] par YHW[H], le guerrier, secours et repousseur du [M]al : que te bénisse YHWH [et qu’il te garde]. Que YHWH fasse briller sa face [sur] toi et t’accorde la p[ai]x… »
La datation de ces documents ne pose pas de difficultés pour les archéologues. Contemporains des prophètes Jérémie et Ézéchiel, ils seraient plus anciens que les livres bibliques qui leur sont consacrés et de pas mal d’autres, y compris ceux du Pentateuque dont on s’accorde aujourd’hui sur le fait qu’ils ont pu être édités pendant l’époque perse, un siècle au moins après la confection des tablettes de Ketef Hinnon.
Bénédiction multiséculaire
Or, ce serait faire injure aux lecteurs de Réveil que de leur signaler qu’une partie du message gravé il y a si longtemps se trouve aujourd’hui dans toutes les Bibles à la référence de Nombres 6.24. La trouvant dans la Bible, nos Églises s’en sont inspirées pour proclamer au cours de nos cultes la force et la douceur de l’amour de Dieu pour chacune et chacun.
Si la Bible est donc un très vieux livre, ce n’est peut-être pas par hasard que les premières traces qu’elle a laissées dans l’histoire humaine attestent de la bénédiction que le Seigneur veut transmettre à tous ses enfants, aujourd’hui comme il y a 25 siècles !