Colloque protestantisme, convictions et engagements
C’est un événement notable que de fêter ses 500 ans. Il fallait un cadre à la hauteur. Les salons de l’Hôtel de Ville de Paris ont accueilli, les 22 et 23 septembre derniers, le colloque organisé par la Fédération protestante de France dans le cadre de l’année 2017 — Vivre la fraternité.
Le 13 avril 2016, jour anniversaire de la signature de l’édit de Tolérance — mieux connu sous le nom d’Édit de Nantes (13 avril 1598) — lors du dévoilement de la plaque commémorant le massacre de la Saint Barthélemy, Anne Hidalgo, maire de Paris, et François Clavairoly se rencontrent. La maire de Paris demande alors au président de la Fédération protestante de France : « Que puis-je faire pour le protestantisme ? » C’est ainsi que la Mairie de Paris a accueilli ces 22 et 23 septembre le colloque intitulé « Protestantisme, convictions et engagements ».
Des invités de marque
François Clavairoly s’en réjouit. « Il est important que la République laïque accepte de valoriser des paroles de convictions, qu’elles soient autorisées à résonner dans l’espace public ». Une reconnaissance d’autant plus significative que les protestants ont été parmi les premiers défenseurs de la laïcité.
Anne Hidalgo a donc souhaité bienvenue aux nombreux participants, soulignant ce qui, dans le protestantisme, l’inspirait : la fidélité républicaine, la vigilance à l’égard des réfugiés. « Votre Réforme est une part essentielle de notre vie commune, du patrimoine que tous les humanistes ont en partage ».
L’historien Patrick Cabanel, organisateur du colloque, a rappelé qu’une religion n’est jamais seulement une religion : « elle est aussi, en même temps une culture, une littérature, une politique, une esthétique, une pédagogie », thèmes qui seront tous abordés.
Emmanuel Macron, président de la République, a appelé les protestants, dont « l’esprit critique a nourri » la nation, à rester la « vigie de la République, son avant-garde dans ses combats philosophiques, moraux et politiques ». Au-delà du respect de notre culture, c’est notre « foi vive » qu’il a saluée.
Des convictions protestantes
Luther, libéré du souci de son salut, s’est trouvé malgré lui à la tête d’une nouvelle Église. Il a été conduit à aborder les questions pratiques du mariage, de l’éducation, de la consolation devant la mort, de l’économie, de la politique, de la diplomatie, des autres religions… Au génie inaugural de Luther s’est ajoutée l’amplitude de Calvin.
De la désacralisation du pouvoir, tout en respectant l’autorité publique, les protestants, libres d’agir, ont inventé au fil du temps des engagements citoyens et solidaires à travers de nombreuses œuvres. Grains de sel de l’Évangile, ils se sont tournés vers le service du prochain et du monde, irriguant ainsi la modernité sans casser les canalisations, a déclaré le professeur Olivier Abel.
Cependant, ce colloque n’a pas été un autosatisfecit qui engendrerait le repli sur soi. Le message chrétien va, au contraire, contre cette crispation. Face aux défis du monde, nous avons été appelés à une fidélité créatrice, capable de briser la mortelle complaisance envers soi.
Le professeur Michel Bertrand a présenté l’ouvrage collectif, initié par la Fédération protestante de France Les protestants, 500 ans après la Réforme. Ce livre nous invite à puiser, dans ce qui a été transmis, « les promesses enfouies non encore tenues » pour reprendre une expression de Paul Ricœur. La fidélité à ces promesses nous appelle à leur actualisation avec audace et imagination.